Pour en finir avec le débat sur l’éligibilité de Paul Biya à la prochaine élection présidentielle

Publié le par Pat Rifoe

Patrick et Thibault ouvrent la boîte de pandore du débat actuel sur l'élection présidentielle. Ils apprécient dans une démarche constructive et un dialogue dynamique l'itinéraire de cette question qui a engendré Pro biya, anti Biya, et les neutres.

Philippe RIFOE : Un débat lancé par une chronique d’Alain Didier Olinga dans les colonnes du Quotidien Mutations agite l’espace public. Il s’agit du débat sur l’éligibilité de l’actuel président de la république à savoir Paul Biya. On peut raisonnablement penser que la question a été débattue sous les chaumières, et qu’elle n’est pas restée l’apanage de quelques intellectuels qui rivalisent d’argumentations et de grandiloquences pour soutenir qui l’éligibilité de Biya, qui son inéligibilité. Si on sait gré au professeur Alain Didier Olinga d’avoir lancé ce débat en pointant une possible faille dans l’architecture constitutionnelle du Cameroun, on peut s’interroger sur l’hypertrophie de ce débat qui tend à occulter toute autre question.

Thibault Marcel TSIMI : L’opportunité de ce débat reste encore à prouver d’ailleurs, car on se souvient que la modification constitutionnelle inspirée par le chef de l’Etat soit passée comme une lettre à la poste. Les députés, les intellectuels avaient été comme émasculés et personne n’avait insisté sur la question. Et maintenant, alors que le peuple croit avoir tourné la page de l’éligibilité ou non du « héros national », voici que l’oiseau de minerve prend son envol…

Patrick Philippe RIFOE : Bon !on peut nuancer cela en affirmant qu’Alain Didier Olinga-encore se lui était déjà dans les colonnes du Quotidien Mutations ému du choix de modifier la constitution. Notons également que Pauline Biyong s’était agitée en menant l’initiative « touche pas à ma constitution ».Mais, pour moi le débat est ailleurs.

En effet, tout se passe comme si le maintien ou non de Paul Biya à la tête de l’Etat est à lui seul la variable qui conditionnera le devenir de notre nation et de ses fils et filles. Au-delà de ce débat, la question de l’horizon de la nation-Cameroun est posée. Paul Biya parti, une aube nouvelle se lèvera-t-elle ? Paul Biya est-il le responsable de toutes les gangrènes minant la société ? Si tel est le cas, son départ sonnerait-il le glas de ces pratiques qu’il aurait contribué à instituer ?

Thibault Marcel TSIMI : Les américains disent qu’il n’y a pas de mauvaise campagne. L’essentiel est de faire parler de soi. La bataille de la communication est déjà donc gagnée avant que d’avoir commencé !

Patrick Philippe RIFOE : Je pense que sous les oripeaux de la scientificité, le débat sur l’in-éligibilité de Paul Biya masque un débat largement plus trivial opposant pour aller vite les pro-Biya aux anti-Biya. Ce débat est un paravent commode pour éluder des questions beaucoup plus fondamentales comme celle de la corruption et du clientélisme septicémiques dans nos administrations ou encore les choix en matière de santé publique et la possibilité d’offrir aux camerounais un système de sécurité sociale qui rendrait la médecine préventive commune. Nos intellectuels en prêtant le flanc à ce débat se muent alors en ouvrier de la dernière heure. D’autre part, ils faillissent largement à leur mission de lanterne de la société, étant eux-mêmes appâtés par une vessie.

Thibault Marcel TSIMI : les jeunes bacheliers représentent 30% de la population camerounaise. Selon les dernières statistiques, on a 64% de la population camerounaise âgée de moins de 25ans. Il ya là : des illettrés, des villageois, des enfants dont à peine 5% capable de décrypter ces hiéroglyphes de l’intelligentsia camerounaise. On se demande comment un débat si mystifié par des théories pétaradantes aux formules magiques, peut être audible à défaut d’être crédible.

Patrick Philippe RIFOE : Petit florilège de cette grandiloquence avec des termes comme : « théoréticité, véridictuelle, épistémologie, conatus, herméneutique, téléologie, dolosive, aléthique, déontique, habitus, animus présidentialiste, compradorisation juridique, paralogistique, chétivité, pétition de principe, glose. »Plus loin,c’est du latin qui est servi au lecteur : « ratio légis,ex cathedra,lex posterior priori derogat,interpretatio cessat in claris,lex lata,obiter dictum,ultra petita,pars pro toto. »

A la lumière de quoi on se demande s’il était nécessaire de s’adresser au peuple dans ce style abstrus et abscons pour exposer des positions aussi vieilles que le retour du pluralisme au Cameroun et qu’il convient de mettre à égale distance. En effet, la position des anti-biyaistes est autant critiquable que celle des pro-biyaistes au-delà des  habillages juridiques qu’elles revêtent aujourd’hui. Cette double position se fonde sur une cécité volontaire ou non dont certains intellectuels font le jeu. Cette attitude paresseuse caractérise la faible historicité d’une société incapable de se penser par ses élites et par sa base. La reproduction des pratiques normées devient un horizon indépassable au-delà du débat éculé sur le départ de Biya à l’occasion des prochaines élections présidentielles ou plus tard.

Thibault Marcel TSIMI : On retrouve là, nos intellectuels camerounais dans leur sport favori : la pédanterie et le psittacisme intempérant simulant et dissimulant la vacuité de leurs théories même quand elles sont applicables.

Patrick Philippe RIFOE : Derrière les arguments pour ou contre l’inéligibilité de Paul Biya, il y a un positionnement plus prosaïque et moins juridique. Il s’agit d’un débat opposant ceux pour lesquels il faut que Biya quitte le pouvoir, demain si cela était possible, et ceux pour lesquels il est impensable que Biya s’en aille. Pour les uns, le départ de Biya serait le signe d’une aube nouvelle tandis que pour les autres, il n’y a point de salut sans Biya, et peut être même l’apocalypse. Sur quels éléments se fonde ce positionnement antithétique ? Doit-on accorder foi à des positions aussi radicales ?

Thibault Marcel TSIMI : Il ne faut surtout pas suivre ces « scribes et pharisiens » qui distillent de l’opium dans les médias, pour endormir les questions essentielles qui pourraient ravager les intérêts de ceux qui ont la parole aujourd’hui c'est-à-dire : les pro et les anti !

Patrick Philippe RIFOE : Nombreux parmi les « leaders » de l’opposition sont adeptes de cette thèse du départ de Biya. Dépourvus du moindre projet, mal pourvu en vision pour le Cameroun qu’ils proposent aux citoyens, ils prévoient « une période » de transition  qu’eux-mêmes seraient en peine de justifier.

Il faut que Biya parte, là est leur unique argument. Biya est alors perçu comme le père de tous les maux qui affectent la société dans son ensemble. Si le Cameroun a décliné, Biya est seul responsable de cet état de fait. Son départ ouvrirait moyennant la période de transition sur un âge d’or. Il faut donc que Biya parte, non pas parce que de véritables leaders porteurs d’un projet de société l’opposent au non-projet présent, mais simplement parce qu’il faut sortir de ce non-projet, quitte à se retrouver à nouveau avec un non-projet comme horizon. L’urgence ici posée sur la base d’un diagnostic sommaire consiste à proposer un changement sans contenu et sans essence. Il faut que Biya parte est un crédo sans programme et sans projet. La banalité des constats dont il se nourrit cache mal la pauvreté des propositions qui le supportent. Cette thèse ne saurait satisfaire quiconque considère que l’essence du politique est de fédérer autour d’une vision.

Thibault Marcel TSIMI : On se demande si c’est de la naïveté, de l’inconscience ou simplement de la méchanceté. La plupart des anti, en ne proposant rien d’alternatif et de crédible, au lieu de nous vendre une utopie pour la nation, achèvent de nous convaincre que BIYA, avec ses défauts, doit rester notre président par défaut !

Patrick Philippe RIFOE : Avoir le Biya must go comme crédo ne peut suffire à convaincre le citoyen à porter son choix pour un candidat ou un parti. En effet, un vote de défiance n’est pas un vote d’adhésion. Les camerounais pour une large part sont convaincus des échecs du régime Biya. Mais, cette conviction qu’il a échoué ne conduit pas ces derniers à donner foi aux promesses d’un nouveau Pérou que font les individus pressés de virer Biya, mais moins enclins à dire ce qu’ils feront une fois arrivés au pouvoir. On pourrait même considérer qu’une suspicion saine incline le citoyen à penser désabusé que ces individus feraient « difficilement mieux » lorsqu’on voit l’inconstance de certains opposants historiques.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres, il faut se défier de toute rhétorique de l’éviction de Biya qui confine à « l’indignation » sans montrer « la voie ».

Le travers antéposé au Biya must go est celui qui consiste à poser Biya en grand timonier de la nation camerounaise. Pour les tenants de cette thèse, il faut que Biya reste au pouvoir. A l’appui de cette thèse, on excipe « la paix » que connait le Cameroun dans cet océan d’instabilité qu’est l’Afrique. Le bilan se résume alors dans les nombreuses victoires des Lions indomptables dans les compétitions sportives.

Thibault Marcel TSIMI : Sans blague. Question topique : BIYA a-t-il hérité d’un Cameroun en guerre ? Quels actes symboliques et historiques le renouveau a-t-il posés en faveur de la paix : L’albatros ? Le bilan peut-il se résumer à ce que le Cameroun n’a pas connu (la guerre) durant tout le règne de BIYA ?

Patrick Philippe RIFOE : Biya pour les tenants de cette thèse doit rester au pouvoir. Il aurait fait la preuve en 29 ans de règne de sa capacité à se poser en catalyseur des forces centrifuges qui menaceraient l’unité nationale et la paix civile. Un homme de cette qualité qui a défaut d’avoir apporté la paix, l’a consolidée est assurément l’homme de la situation. Son départ ouvrirait sur une ère d’incertitude dont personne ne peut présager de l’issu. De plus, ceux qui dans l’opposition prétendent remplacer Biya sont moins aptes que lui à garantir la paix et la stabilité comme lui a si bien su le faire.

Thibault Marcel TSIMI : c’est vrai qu’en observant les opposants on est tenté de le penser…mais qu’adviendrait-il si jamais – ce que je ne souhaite pas- notre président venait à casser la pipe subitement ? Serait-ce le chaos ?

Patrick Philippe RIFOE : Il y a un minimalisme qui confine à la mauvaise foi dans le fait de considérer la paix qui n’est qu’un préalable comme le bien dont on doit se gausser. La paix ne vaut en réalité que pour ce à quoi elle permet d’aspirer. Sous entendre comme le font certains qu’il faut savoir gré à Biya d’avoir su préserver la paix c’est d’une part dénier au peuple le droit d’aspirer à une vie meilleure, mais d’autre part mettre au crédit d’un individu fut-il chef de l’Etat ce qui est produit par l’effort de toute la nation. Si la paix est restée une donnée permanente au Cameroun, c’est le fait de toutes les forces vives de la nation et certainement pas d’un individu quelque soit sa position dans la société.

Pour ce qui est du bilan sportif, il serait plaisant de se demander si à l’heure du bilan un homme d’Etat brésilien à mis à son compte les victoires de la Séléçao, ou alors si c’est grâce au football que le brésil fait partie des pays émergents aujourd’hui.

Voilà de manière synoptique les thèses qui s’affrontent derrière le désormais institué débat sur l’inéligibilité de Biya. Débat opposant de manière plus savante ceux qui souhaite un départ immédiat de Biya à ceux pour lesquels son maintien au pouvoir est une évidence. Il n’y a là rien de nouveau sous le soleil de Yaoundé. On peut cependant s’interroger sur l’opportunité de la résurgence de ce débat à l’approche de la présidentielle d’octobre.Autrement dit :de quoi le débat sur l’inéligibilité de Paul Biya n’est pas le nom ?

Ce débat est le lieu d’un affrontement, celui de deux postures. Il s’agit d’une opposition entre des individus animés par le désir de s’inscrire dans l’agenda nominatif de Biya dans le cas ou ce dernier viendrait à rester au pouvoir Mouelle Kombi qui a reçu l’RIC en récompense de son appel de 2004 fait ici tâche entrainant dans son sillage d’autres universitaires. De l’autre côté nous avons des individus à l’instar d’Owona Nguini qui jouent ouvertement la carte de l’après Biya. Au final il s’agit d’un exercice de positionnement d’individus loin des préoccupations des citoyens. On comprend alors le mutisme qui s’empare de ces pseudo intellectuels qui pour certains se piquent de droit international sur les questions majeures touchant au devenir de la nation Cameroun.

Thibault Marcel TSIMI : Ces deux figurent se ressemblent sur bien de choses. Il est très difficile de croire que quelqu’un qui a été nourri et blanchi avec l’argent du système soit en dehors de ce système là. Même en le contrariant, Monsieur OWONA NGUNI contribue à la prospérité du système actuel, il  est le pôle négatif nécessaire au bon équilibre du système. Un peu comme de l’air pollué conditionné. Il est donc membre à part entière, même avec un discours entièrement à part, du régime dont il est le produit. Et il joue bien son rôle !

Patrick Philippe RIFOE : Il ne s’agit pas ici de prétendre que tous ceux qui ont pris part à ce débat sur l’inéligibilité de Paul Biya soient des opportunistes. On serait alors conduit à mettre à l’index autant les médias qui ont contribué à alimenter cette polémique que les camerounais qui dans leurs chaumières en ont discuté. Il s’agit principalement ici des intellectuels dont le langage pompeux utilisé dans ce débat dénote avec le caractère grand public du média requis comme support. Certes, certains analystes médias diront qu’au Cameroun la presse a cessé d’être  un média de masse, mais dans cette hypothèse encore, la nature du média alliée au langage employé conduit à penser qu’il ne s’est à aucun moment agi d’instruire le citoyen lambda. Nous ne relayerons pas ici cette latinisation obscurcissante qui avait un destinataire caché dont nous esquissons ci après les traits.

Thibault Marcel TSIMI : Pourquoi le cacher ? Quand on écrit dans un style aussi ampoulé, ce n’est sûrement pas au peuple qu’on s’adresse. C’est à ceux qui dirigent ou éclairent. C’est pour se faire voir et se faire entendre auprès d’une certaine catégorie de décideurs.

Patrick Philippe RIFOE : Selon toute vraisemblance, le recours à un média captif conjugué au langage utilisé donnent à penser que nos intellectuels rivalisaient d’arguties juridiques pour plaire à celui dont ils annoncent pour certains l’inéligibilité et pour d’autre l’éligibilité. En effet, il s’agit d’une posture d’intellectuels insatisfaits de leur situation sociale et qui manifestement souhaitent inscrire leur évolution sociale dans la situation  administrative du Cameroun. Cela est connu de tous, les enseignants du supérieur ont une aversion pour les amphis qu’ils désertent pour le moindre poste de chef de service dans un ministère qui viendrait même à disparaitre au prochain remaniement. De quelque bord qu’ils soient dans ce débat, ils sont animés par le même souci de distinction qui leur permettrait de quitter enfin les amphis. Car, qu’on se le dise qu’ils se nomment Owona Nguini, Messanga Nyamding, Mouangue Kobila, leur désir secret est celui là ; quitter les amphis pour rejoindre l’administration. De même, ils partagent la conviction que Biya en tant que maitre du jeu politique est à même de leur permettre de concrétiser leurs aspirations. La différence d’analyse réside sur la projection dans la réalisation de ce désir. Pour certains, défendre le maintien au pouvoir de Biya permettrait à l’instar de Mouelle Kombi en 2004 de recevoir un strapontin qui récompenserait le soutien. Pour d’autre, il s’agit de s’inscrire dans un après Biya qui devient aujourd’hui inéluctable. Son départ est devenu un horizon indépassable dont il faut s’accommoder. Il parait dès lors inutile de se projeter dans un présent avec Biya aux commandes.

Thibault Marcel TSIMI : Ayons quand même un peu de nuance, Monsieur OWONA NGUINI serait dépaysé dans une administration. Il n’aurait plus la jouissance d’avoir un troupeau d’étudiants époustouflés par l’éclat de son savoir profond et complexe. Son positionnement est juste de l’exhibitionnisme intellectuel. Une sorte de m’as-tu-vu dans ma belle épistémologie ? Il éblouit le peuple par sa lumière foudroyante, et ce peuple, n’ayant rien compris se dit quand même que sûrement, il s’agit d’une vérité divine parce que difficile à déchiffrer. Une sorte d’intellectuel de la rue. Le peuple se fie donc à l’intelligence de ce monsieur et se laisse mener comme un agneau qu’on mène à l’abattoir.

Nous sommes donc en présence d’un calcul rationnel d’intellectuels opportunistes. Ces intellectuels qui par l’empressement qu’ils ont à s’emparer pour exprimer leur désaccord de ce sujet signifient leur incapacité à se penser comme des lanternes pour le peuple. Il faut avant cet âge d’or que certains nous promettent, revenir à celui dans lequel l’intellectuel, quelque soit le caractère polémique de ses prises de positions est animé par la volonté de tenir devant le peuple de flambeau de ses convictions. Les occasions et les sujets de débat sont à ce titre si nombreux qu’une recension exhaustive nous paraît impossible

Thibault Marcel TSIMI : le mot est lâché, il s’agit bien de calcul froid. On se demande si les noms comme Jean Jacques ROUSSEAU le monsieur du Contrat social, ou Montesquieu de l’Esprit des lois, si ces noms auront un jour des équivalents dans notre république entrain de se faire. Pourtant c’est le moment de sortir de cette personnalisation outrageuse du débat politique pour proposer de véritables modèles à l’usage du plus grand nombre. Le Cameroun est à faire, que diront les générations futures à propos de ce moment historique ? Quels sont les ouvrages de vulgarisation qui ont été produits ? Un intellectuel n’est ni un avocat, ni un détracteur. C’est un éclaireur. Toujours au dessus de la mêlée, mais aussi, toujours au niveau du plus grand nombre.

Patrick Philippe RIFOE : Nous ne prétendons pas que le débat sur l’inéligibilité de Biya ne soit pas fondamental. Nous pensons cependant et nous l’avons à suffisance souligné, qu’il s’est agi d’un cache–sexe recouvrant les ambitions voilées de certains intellectuels dont le désir de quitter les amphis est patent. Il permettait dans le même mouvement de distraire les citoyens des questions plus essentielles. Car si en effet la question de la succession de Biya se pose, il est illusoire de penser que son remplacement à la tête de l’Etat par un autre individu soit seulement l’aube de l’émergence annoncée. Il y a en effet des questions liées à la vision qu’il faut mettre sur pied, à la jugulation de certaines tares qu’il faut résorber qui ne sont portées par aucun de ces intellectuels qui se piquent de savoir si oui ou non Biya pourrait se présenter en octobre prochain.

Thibault Marcel TSIMI : A titre d’illustration cette litanie de question: « Qu’est ce que diriger sinon détenir la clé de répartitions des ressources ? Comment peuvent-ils prétendre vouloir nous diriger si eux-mêmes n’ont pas une visibilité claire sur les ressources à affecter.
Combien y-a-t-il de chômeurs ? Comment va-ton créer de l’emploi ? Comment va-t-on créer de la valeur ? Combien d’enfants naissent sans famille ? Comment la nation peut leur garantir une éducation qui ne fera pas d’eux les délinquants de demain ? Il ya des femmes qui ont des diplômes mais qui restent à la maison pour se consacrer à l’éducation des enfants, comment l’Etat peut les soutenir ? Combien d’argent a-t-on détourné et se trouve hors de nos frontières ? Quel usage pouvons-nous en faire, pour que la justice sociale soit rétablie ? Quelles sont les mesures incitatives à l’attraction des capitaux étrangers dans notre pays ? Combien ça peut ramener comme bénéfice à l’Etat ? L’espérance de vie est de combien d’années ? Cette espérance de vie nous permet-elle de planifier sur le long terme ? 
Combien y-a-t-il de bacheliers chaque année ? Combien voyagent ? comment fait-on pour les suivre hors du pays et profiter des compétences qu’ils auront acquises ? Combien vont dans les universités d’Etat ? Que prévoit-on dans 3, 5 ou 8ans quand ils sortiront ? Combien vont dans les universités privées ? que fait-on pour accroitre la collaboration avec les entreprises privées ? La recherche, quelles sont les questions prioritaires qu’il faudra résoudre dans 5, 10 ou 15ans ? comment assure-t-on un avenir tranquille à nos enfants ? Combien de touristes voyagent chaque année ? Combien le Cameroun en accueille ? À combien évalue-t-on les recettes touristiques ? que fait-on pour accroitre la rentabilité de ce secteur ?
C’est quoi le Cameroun aujourd’hui ? Quel Cameroun voulons-nous pour demain ? Comment accroitre la fierté d’être camerounais ? Qu’est ce qui nous rassemble ? Et pourquoi ça nous rassemble ? Qu’est ce qui nous divise et pourquoi ça nous divise ? Quelles sont les problèmes prioritaires ? Sur quelle base établissons-nous la priorité des problèmes ? »
On pourrait y ajouter d’autres questions comme celles de l’équilibre régional comme principe de discrimination de l’accès à l’administration camerounaise.

Patrick Philippe RIFOE : Comme on peut le voir, les questions existent, et nous attendons de nos intellectuels qu’ils cessent d’être l’otage d’ambitions personnelles pour se projeter sur le Cameroun comme nation en devenir.

                                                                                                                         

 

Marcel TSIMI, citoyen lambda

&

                                                                                     Patrick Rifoé, camerounais loin de la mère patrie

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